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Les textures et les matières

"Framboise"

Lorsque il s'agit de traiter l'aspect de certaines matières aux motifs répétitifs, trouver le pigment qui réagit d'une façon très spécifique lorsqu'il est injecté dans l'eau est une solution intéressante. Cependant il faut que cette couleur ne soit pas utilisée à un seul et même endroit, toutes les couleurs de la palette choisie doivent circuler dans l'aquarelle, il est préférable donc qu'elle soit adaptée à l'oeuvre dans son ensemble.

Ici pour le cuir noir de ce livre, la couleur Daniel Smith: Hématite véritable est utilisée. La couleur et sa granulation si particulière convenait parfaitement à l'effet recherché, mais il faut savoir que cette réaction ne se produit que si la peinture est injectée dans suffisamment d'eau pour que les pigments puissent voyager librement et ensuite se déposer sur le grain du papier de cette façon si spécifique.

"Le sens des valeurs"

Dans cette oeuvre plusieurs objets, aux matières très différentes, sont présents. Il n'est donc pas possible d'affecter une couleur précise par texture recherchée, car évidemment l'aquarelle impose une palette relativement réduite (3 à 6 couleurs en général). Il s'agit plutôt de constituer un ensemble de couleurs aux caractéristiques différentes et qui fonctionnent bien dans les mélanges.

Pour traiter un objet brillant tel que le cristal, l'essentiel est de garder à l'esprit que les contrastes sont très élevés (donc beaucoup de blancs purs et teintes claires ainsi que des teintes très sombres, finalement peu de teintes moyennes), il faut également une alternance des zones de flous et de nets. Le travail en cordons d'eau donne de très bons résultats en l'occurence.

"Acidulé"

Pour ce qui est du métal brillant, les contrastes sont moins élevés que pour le verre, cela peut varier selon l'exposition de l'objet à la source de lumière, mais généralement cela ira du blanc pur aux teintes les plus sombres, avec une prédominance des demi-teintes.

Pour obtenir un volume intéressant il faut penser à observer la couleur des lumières et travailler les ombres en forçant par un contraste des complémentaires. Ici la base des teintes claires est l'or Quinacridone qui est un jaune chaud, mes teintes les plus sombres sont créés avec cette même base en y ajoutant suffisamment de magenta et de bleu pour obtenir un marron violacé. Mon fond contribue lui aussi à mettre en valeur la brillance des pièces puisqu'il est composé d'un gris violet froid.

"Douceur de l'instant"

Lorsque l'on traite un sujet tel qu'un tissu de type coton, c'est la lumière qui met en valeur son volume et sa texture. L'exemple le plus souvent utilisé pour différencier la manière dont la lumière se diffuse est celui d'une balle en plastique comparée à une balle en mousse. Sur la première le point de lumière est presque blanc et clairement défini, la zone d'ombre est intense, le contraste de valeur est donc élevé. Sur la deuxième la porosité de sa surface contrarie l'éclat de lumière ainsi que l'intensité de la zone d'ombre, le contraste est nettement plus faible.

Sur cette serviette colorée un jeu de demi teintes créent le volume et seule l'ombre portée offre une teinte plus sombre.

"Deuxième vie"

L'atmosphère générale d'une oeuvre peut elle aussi être abordée comme une matière, dans celle-ci mon but était de créer une ambiance poussièreuse. Choisir comme base de la palette un pigment offrant une texture et des effets marqués était un bon moyen d'y parvenir. Mais pour obtenir une harmonie, il fallait pouvoir l'utiliser dans la globalité de l'aquarelle. Il a donc fallu trouver les couleurs adaptées à la fois pour traiter toutes les composantes de la scène, mais aussi s'assurer qu'elles puissent se mélanger sans problème.

Lorsque l'on utilise une couleur à forte granulation, il ne faut pas oublier que cet effet ne se produit que dans la mesure où les pigments ont la possibilité de voyager suffisamment dans l'eau pour s'agglomérer et se déposer dans les alvéoles du papier. Plus le grain du papier sera important, plus l'effet sera marqué.

"Tabac"

Le papier est un de mes sujets favori. Il peut être très différent selon qu'il soit récent ou ancien, son épaisseur, la source de lumière qui l'éclaire ainsi que les couleurs qui l'entourent et qui peuvent s'y refléter.

Le papier journal n'est pas blanc, donc il doit être obligatoirement entièrement mouillé, généralement j'utilise le jaune extrêmement dilué pour le faire. Ce n'est pas un papier brillant, il est poreux, c'est pourquoi il est intéressant d'utiliser une couleur qui granule modérément pour faire les gris. Si il est exposé à la lumière les gris sont très subtils, la meilleure solution reste de laisser un gris très dilué se diffuser, d'attendre que le papier ait un aspect satiné et de créer quelques lumières en injectant de l'eau pure.

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